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lundi 16 avril 2018

Jérôme COLIN « Le champ de bataille »


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Mars 2018 : Jérôme COLIN nous livre, chez Allary Éditions, son deuxième roman. La quatrième de couverture nous annonce un sujet assez classique car traité de nombreuses fois : l'adolescence, celle du fils aîné, en ce qui nous concerne, Paul, qui vient mettre un peu de chaos dans une famille où les rouages semblaient bien huilés, si l'on remonte 2 ans en arrière.

Ce roman est bien plus subtil que ce qu'il nous laisse présager à la lecture du résumé (j'ai la fâcheuse manie de choisir mes lectures en fonction de la quatrième et cela m'a joué plusieurs fois des tours, j'en parlais précédemment sur ma chronique du roman de Gabriel TALLENT). En effet, la crise d'adolescence ne sert que de révélateur, la famille ne part absolument pas en vrille, il s'agit plutôt d'un père qui ne sait plus comment réagir face aux attitudes – nouvelles – de son grand fiston, bien moins enclin, depuis quelque temps, à accueillir son père dans son antre (sa chambre) ou à lui claquer la bise en guise de démonstration affective. Et forcément, ce père titubant, du haut de son piédestal de patriarche, risque bien de faire dégringoler la tour familiale !

Ils sont quatre dans cette famille, ça fait très cliché « famille idéale », où les parents ont eu ce que l'on appelle « le choix du roi », un garçon puis une fille (Élise) qui semble, pour quelques pages encore, épargnée par ce monstre qu'est la crise de l'adolescence. La mère, pharmacienne, semble, dans un premier temps, assez détachée de ce qu'il se passe. On comprendra qu'il s'agit pour elle de la seule stratégie viable à mener lors de cette tempête hormonale qui semble épargner bien peu de familles. Le père, investi d'une mission quasi divine, tiraillé par ce que l'on doit dire et ce que l'on devrait dire, pris entre l'étau du père protecteur et du père en lutte pour son fils mais aussi pour l'ado qu'il a lui-même été (et qui semble avoir été lâché) perd pied en agissant consciemment à l'inverse de ce qu'il souhaite faire.
Il y a la psy et son chemisier blanc, qui fait presque partie de la famille si ce n'est que ses bons conseils sont payants (et parfois un peu à l'emporte-pièce).

On subit quand même pas mal l'attitude de Paul et on a aussi envie de lui en retourner une bonne (au placard notre bienveillance éducative ponctuée de communication non violente) et on souffre pour ce père de famille qui a l'impression de perdre son fils, sa femme, et à qui il ne reste que sa fille qui accepte encore d'être choyée. On rigole aussi pas mal, surtout avec l'évocation de la pièce centrale de la maison, les WC, sorte de cairn, où le patriarche aime à se réfugier lorsqu'il est perdu (voire à dormir, sisisi. Et pourquoi pas sur le canapé, me direz-vous ? Il faudra lire pour comprendre pourquoi).

On appréciera (ou pas) le lien qui est fait avec la douloureuse actualité de ces dernières années, les attentats, qui ont été exploités par l'auteur afin d'être des moments non seulement chargés d'un point de vue historique, mais aussi des moments clés pour la famille (l'attentat de Paris le 13 novembre 2015 puis l'attentat du métro bruxellois, le 22 mars 2016).

C'est un roman qui se lit vite, il m'a fait de l'oeil grâce à sa thématique qui soit passe, soit casse, et là, bien entendu, ça passe ! Il est bien écrit et très agréable à lire, on ne peut que se reconnaître dans chaque personnage de cette famille très comme les autres. Ces sujets, triviaux, à l'échelle de chaque individu sont vécus comme exceptionnels et pourtant quoi de plus banal que la routine d'un mariage vieux de 20 ans et la rébellion de nos chers boutonneux ? On ne s'en lasse décidément pas car tout n'est pas blanc ou noir. Il y a des gros mots et de l'insolence, tout pour plaire.

https://www.allary-editions.fr/
(Émilia Sancti)




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