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mardi 3 avril 2018

Gabriel TALLENT « « My absolute darling »


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Après avoir été un phénomène aux États-Unis en 2017, voilà « My absolute darling » de Gabriel TALLENT qui débarque aux éditions Gallmeister tout début mars 2018. Salué par la critique, carrément encensé par Stephen KING que j'aime beaucoup, il ne m'en fallait pas plus pour sauter dessus, après un raté littéraire (abandonner une lecture est toujours le petit deuil d'un espoir gâché).
« My absolute darling » faillit me tomber des mains... Petite histoire d'une désillusion bien rattrapée.

Pour commencer une lecture, je me fie aux avis des lecteur-ices que je survole rapidement (surtout les critiques négatives, j'avoue) et je me fie comme beaucoup, à la quatrième de couverture. Parfois il ne faut pas, j'ai attendu longtemps ce qui était confié par le résumé et, déçue dans un premier temps, j'ai failli abandonner. Heureusement, j'ai tenu.

Turtle/Croquette est une adolescente, Julia de son vrai prénom (d'où viennent ces étranges surnoms, là est la question !), fille unique qui grandit avec son père, Martin, depuis la disparition de sa mère. Son grand-père paternel achève le tableau familial en vivant non loin de là, dans sa caravane, avec son chien. Dès les premières pages, c'est un univers quasi redneck qui s'impose à nous : une maison perdue dans la campagne du nord de la Californie, une existence qui se déroule entre cuisson des steaks, les coups de fusils et de grands espaces. On se balade parmi les pins douglas, muricata, et les cyprès. La nature est omniprésente, et contribue à l'ambiance tant elle nous isole de la civilisation.
Car on est loin de la civilisation chez Martin : il éduque sa fille à la dure, il est parfois cruel et carrément incestueux. Dire que c'est malsain est un euphémisme.
Rien ne rattrape Turtle : ses résultats scolaires sont médiocres, ses amitiés nulles, elle accomplit chaque jour les mêmes rituels, gober ses œufs crus, lancer une bière à son géniteur (dès le petit dej'), partir prendre le bus pour aller à l'école. Tellement persuadée de sa médiocrité, elle se parle à elle-même de la même manière que Martin lui parle, alignant allègrement les insultes et les termes péjoratifs et dépréciatifs. L'adolescente grandit dans la peur, dans la haine et dans l'amour aveugle qu'elle porte à son père.
Le récit prend un tournant à la faveur de trois rencontres : deux adolescents, Brett et Jacob, et une enseignante, Anna, qui choisit de lui tendre la main. Il est visible que Turtle grandit, a minima dans une famille dysfonctionnelle. On assiste alors à une remise en question, la jeune fille s'interroge sur la relation qu'elle entretient avec son père, introspection qui s'accompagne de la découverte du sentiment amoureux. Tout finira de basculer grâce à l'absence éphémère du bourreau et à l'arrivée de Cayenne, la fillette de 10 ans qui permettra à Turtle d'ouvrir les yeux, définitivement.

Ce roman est une dégringolade, un aller simple vers l'enfer, où Turtle ne va pouvoir compter que sur elle-même et sur ses choix. Le personnage qu'elle incarne évolue à grande vitesse dans le roman, elle apprend à se faire confiance et à se rebeller contre Martin. La Julia des dernières pages n'a quasi plus rien en commun avec la Croquette du début.

Ne lisez pas la quatrième de couverture, laissez au récit le temps de s'installer, il faut attendre le dernier tiers du roman pour que les choses s'accélèrent. J'espère d'ailleurs que vous aurez bien profité de l'accalmie des premières pages, car quand ça démarre, c'est sur les chapeaux de roue et ça va dans le mur !
Je recommande vivement cette lecture que je ne regrette pas d'avoir poursuivie, néanmoins soyez vigilant-es, certains passages sont assez violents, que ce soit explicite ou implicite. Cependant, ce n'est pas un voyeurisme inutile, cela sert parfaitement la trame.

Merci qui ? Merci Gallmeister !
(Émilia Sancti)

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