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samedi 21 avril 2018

Daniel LANG « Incident sur la colline 192 : victimes de guerre »


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1966, en pleine guerre du Vietnam, cinq soldats américains sont chargés d'une mission de patrouille. Pour se donner de l'allant, contribuer à la bonhomie de l'expédition, il faut faire « boum-boum », entendez par là se trouver une nana à emmener pour pouvoir passer du bon temps. Bien entendu on ira l'enlever, on la maltraitera, on la violera, ça fera du bien à l'équipe. Sven ERIKSSON est le seul des cinq soldats à refuser ce traitement barbare, tiraillé par sa conscience face à son impuissance devant l'horreur de la situation.

Daniel LANG est journaliste au New Yorker et nous rapporte ce crime de guerre car l'ex soldat ERIKSSON choisit de lui livrer l'affaire et les raisons qui l'ont poussées à faire poursuivre ses ex-camarades de régiment.

Elle s'appelait Phan Thi Mao et était manifestement malade et affaiblie au moment de l'enlèvement. Après avoir été contrainte de porter le paquetage de l'un des soldats, elle fut installée dans une cahute et violée par les quatre hommes. Le lendemain, comme son état de santé ne s'arrangeait pas, les quatre soldats se résolurent à la tuer plus rapidement que prévu. S'ensuit une scène complètement absurde, sous les yeux de la jeune condamnée (qui avait entre 18 et 20 ans d'après les médecins), pour savoir qui va la tuer. Bousculée et attirée dans un buisson, elle fut poignardée à plusieurs reprises, reçut un tir à bout portant lui arrachant ainsi la moitié du crâne avant d'être abandonnée là où elle a été assassinée.

C'est un récit de guerre extrêmement classique, quand l'oppresseur soumet sexuellement les femmes du clan adverse et se justifie par les exactions commises par le camp d'en face. Les soldats sont certains d'être dans leur bon droit, accomplissant leur mission, comme l'État Major le leur avait commandé. Il y a incompréhension de leur part quant à la gravité de leurs actes. La hiérarchie a même tenté d'étouffer l'affaire, seule la pugnacité d'ERIKSSON a permis aux coupables d'être punis. Bien faibles châtiments au regard du crime commis quand on apprend que les peines ont été à chaque fois raccourcies et certains hommes, libérés.

Sous forme de témoignage, nous sommes face à un documentaire glacial mais qui ne laisse pas indifférent. Ce récit court de 128 pages a été publié en janvier 2018 par Allia et offre la rédemption à l'ex soldat ERIKSSON qui ne trouvait pas le repos d'avoir échoué à sauver la jeune Mao.

La scène qui s'est jouée au Vietnam s'est passée, se passe et se passera car la domination de ceux qui font la guerre passe par l'asservissement sexuel des femmes. Il y a la conquête des territoires et la soumission sexuelle, dyade infernale inhérente à tout conflit. Cela ne peut que résonner en nous, ces heures sombres, toujours d'actualité.


 (Emilia Sancti)

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