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lundi 26 février 2018

Shichirô FUKAZAWA « Narayama »


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Je sors un peu de mes formats habituels (je ne lis que des romans ou des essais depuis bon nombre d'années) pour vous présenter cette fabuleuse nouvelle de Schichirô FUKAZAWA, « Narayama », publiée en 1956.
Férue de littérature japonaise, notamment de polars, que je trouve particulièrement qualitatifs tant ils sont évocateurs (je reviendrai plus tard sur les polars japonais), je me suis (enfin) attaquée à ce petit chef d'oeuvre.
J'ai pris mon temps avant de parcourir ces pages car je suis restée marquée par le long métrage, « La ballade de Narayama », de l'excellentissime IMAMURA. La violence de cette culture de paysans japonais pauvres vivant dans des contrées fort peu hospitalières, l'image de cette vieille femme abandonnée dans cette montagne enneigée, la rudesse des rapports humains, le questionnement sur le passage de la vie à la mort me restent en tête, inlassablement, année après année.
J'ai retrouvé le même potentiel évocateur dans la nouvelle, cette poésie ultra violente de mœurs et de coutumes que nous ne maîtrisons simplement pas du tout, qui fait référence à une légende selon laquelle arrivés à un certain âge (70 ans), les anciens du village doivent être transportés sur la montagne de Narayama afin d'y mourir. Ne pas respecter cette étape de l'existence, c'est jeter l'opprobre et la honte sur sa famille. Il s'agit d'un rituel joyeux, débuté par une fête, organisée par la personne qui a choisi d'honorer les traditions en choisissant de laisser sa place. Laisser sa place car l'angoisse de la faim est omniprésente, elle se répand tout au long de la nouvelle, lorsque la vieille se casse les dents avec une pierre (signe qu'elle vieillit et qu'elle peut moins se nourrir aussi), lorsque la fiancée du fils aîné est critiquée car dévore de grosses portions de nourriture.
Le sous-titre de la nouvelle s'intitule « étude à propos des chansons de Narayama ». Tout le récit se fait au rythme des chansons traditionnelles qui nous font cheminer à travers les traditions ancestrales, l'édition dans laquelle j'ai lu l'oeuvre (Folio), regorge de notes pouvant éclairer les néophytes.
Pour clore cette chronique, je vous livre la petite chanson troublante qui revient à plusieurs reprises et que je ne vous expliquerai pas, espérant ardemment (oui, oui, carrément!) que vous plongerez dans les 130 trop courtes pages de ce bijou.


Le ballottement du sourd

Six racines ô six racines ô six racines
Accompagner semble facile et ne l'est point
Sur les épaules c'est lourd le fardeau est pénible
Purifions les six racines purifions les six racines.


(Emilia Sancti)

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